SOS mon boss va mal
En ce 31 juillet, certains partent en vacances, et d’autres rentrent. En plein chassé-croisé estival, il y en a pour qui la situation est classée noir absolu au fond d’eux-mêmes, ce sont les dirigeants de TPE et PME qui sont encore dans le tourbillon de la crise. Au hasard de quelques échanges, je partage avec vous la carte postale de beaucoup de nos entreprises françaises. Et s’il m’était demandé comment faire pour mettre un peu de couleur dans le tableau je prendrais alors les 3 pinceaux–¦
En plein cœur de l’été, l’heure est aux premiers bilans économiques de la crise Covid. Les chiffres de la récession s’affichent pour le premier semestre, la presse se fait l’écho des résultats des groupes du CAC 40, la situation des plus grandes industries est commentée, et en cette période estivale inédite, le tourisme et la restauration sont observés de près.
Mais qu’en est-il pour tous les autres, pour ces TPE et PME qui ne sont jamais sur le devant de la scène mais qui pourtant font tourner notre économie ?
J’entends ces collaborateurs qui vivent leurs congés d’été fébrilement. Ils sont épuisés psychologiquement parfois même totalement déchirés. Bien que les activités aient été réduites voire aient été inexistantes, cette crise prise de plein fouet et ses conséquences sur le quotidien ont été épuisants nerveusement. Ils expriment fortement le besoin de se reposer, de se ressourcer. Mais en même temps la peur reste présente. Que vais-je retrouver en rentrant de vacances ? Comment sera l’activité à la rentrée ? Quelles seront mes conditions de travail ? Pourrai-je conserver mon emploi ? Qu’est-ce que je dois faire concrètement ? Qu’en est-il de mes missions ?
Les collaborateurs ont besoin de perspectives. Ils ont besoin que l’entreprise leur présente un projet d’avenir, même à court ou moyen termes, mais un projet qui donne de la visibilité au lendemain pour pouvoir s‘y projeter et retrouver l’énergie nécessaire pour se mobiliser.
Alors ils questionnent leur dirigeant–¦
Et là , je vois un dirigeant lui aussi épuisé. Tellement épuisé qu’il n’est plus en capacité de prendre une décision. Pendant ces 5 derniers mois il a décuplé d’efforts pour essayer de maintenir la barque à flot, il a pris beaucoup de décisions, des bonnes et des mauvaises. Il s’est retrouvé tout seul. Il a subi des pressions, beaucoup de pressions. Il a encaissé, il a géré, il a essayé de garder la tête hors de l’eau. Après le 11 mai, chaque jour passé était un jour gagné vers une reprise d’activité « à la normale » pour la rentrée. Et puis l’été est arrivé, les touristes aussi. Les vacanciers se sont déplacés, se sont rapprochés, et le virus en a profité. Alors les perspectives se sont éloignées.
Il a conscience qu’il lui faut trouver l’énergie nécessaire pour reconstruire quelque chose qui tienne la route et le transmettre à ses équipes. Mais il ne sait pas, il ne sait plus, il n’en peut plus.
Alors le dirigeant ne communique pas. Et les rumeurs prennent la place laissée libre. L’information circule, mais ce n’est pas la bonne. Certains collaborateurs s’en vont en se disant qu’ailleurs–¦, d’autres s’accrochent en espérant très fort–¦, d’autres sont tétanisés voire pétrifiés.
Et la spirale entame son tourbillon.
Mais que faut-il faire ?
1/Ne pas oublier de communiquer
Pourquoi ?
Immédiatement après le confinement, la priorité des dirigeants a été de remplir à nouveau les bons de commande. La communication s’est concentrée sur les clients. L’absence de communication du dirigeant en interne auprès de ses collaborateurs a laissé toute la place à une communication parallèle, informelle, de rumeurs. Avec la peur comme toile de fond (qu’elle soit individuelle ou alimentée par une prise de parole médiatique anxiogène), l’information qui circule n’est pas propice à générer un climat de travail serein et efficace.
Comment ?
C’est au dirigeant de prendre la parole. Et qu’il la prenne avec sa tête, avec son cœur et avec ses tripes. Il n’est pas attendu de lui qu’il présente un plan stratégique à 3 ans structuré et balisé d’indicateurs. Les KPIs attendront. Il est attendu de lui qu’il présente une direction à prendre. Et s’il n’a pas la vision attendue, s’il est dans un brouillard trop épais pour porter le discours de la (re)mobilisation, qu’il s’appuie sur les forces en présence pour reconstruire. Ne pas attendre. Ne pas faire languir. Ne pas faire espérer ou désespérer. Agir, ici et maintenant.
2/ Oser sortir du cadre
Pour les entreprises qui sont aujourd’hui au plus mal, bien souvent, 2 options émergent. 1/ ça repart et tout va bien, 2/ ça ne repart pas et tout s’arrête. L’état d’épuisement que j’évoquais plus haut empêche les individus et le collectif à se projeter dans la 3ème option qui serait d’inventer une nouvelle activité pour rester à flot pendant la tempête ou pour rebondir vers un autre espace business.
Certaines entreprises ont trouvé leur 3ème voie pendant l’épicentre de la crise. Elles ont inventé leur lendemain en plein cœur de la tourmente, par évidence, par opportunité, par nécessité, par agilité. Ces entreprises s’en retrouvent renforcées et explosent sur leur nouveau marché.
Pour les autres, il est encore temps de sortir du cadre. Celui qui sait sauter en longueur et qui performait dans cette discipline se rendra compte qu’il peut aussi sauter en hauteur et performer dans cette discipline. Son ADN, son expertise, son talent c’est le saut. Ouvrez les fenêtres de vos opportunités et sautez–¦
3/ Savoir se faire accompagner
Quand le sportif est épuisé, la récupération physique et mentale est nécessaire. Une équipe d’experts est à ses côtés. Quand le sportif est dans le brouillard et ne voit pas l’issue du match, il sait compter sur le coach, qui lui observe le match sous un autre angle, pour l’aider à trouver la solution. Pour les plus grands sportifs, la réussite ne se gagne pas toute seule.
Depuis mars dernier, les dirigeants jouent un match compliqué.