Les 5 choses à faire au lendemain de la crise
Ce matin encore, je discutais avec les adhérents APM de mon club et unanimement tous confirmaient ce ressenti qu’il y aura un avant et un après. De nouvelles méthodes de travail se sont mises en place pendant cette période de confinement, et elles fonctionnent. Les équipes ont appris à travailler différemment, elles se sont unies dans l’effort et font face ensemble. Une nouvelle organisation du travail est expérimentée et elle est plutôt efficace, chacun va droit au but. Maintenant que la première quinzaine est passée et que les choses se sont organisées, beaucoup commencent à réfléchir au lendemain, et beaucoup se questionnent en se disant qu’il y a certainement des choses à réinventer. Concours de circonstance, cette question est justement le thème du dernier article de cette semaine. Alors pour commencer cette réflexion autour d’après, je vous propose 5 choses à faire avec vos équipes au lendemain de la crise.
Le 1er jour : une expérience de renouveau
D’une manière très globale, la première expérience que vit un collaborateur à vos côtés commence par son premier jour dans l’entreprise. L’accueil du premier jour est préparé, qualifié, expérientiel. Dans notre contexte de crise, et d’après-crise, je vous propose de considérer que tous vos collaborateurs sont des nouveaux collaborateurs qui intègrent une nouvelle entreprise pour la première fois. Ils ne sont plus ceux qu’ils étaient avant, l’entreprise n’est plus celle qu’elle était avant.
Le jour o๠vous allez pouvoir vous retrouver physiquement doit illustrer toute la force, l’énergie et l’entraide que chacun a mis dans le maintien de l’activité et la dynamique de groupe pendant le confinement.
Quelques exemples de ce que vous pouvez inventer et mettre en place :
- Le dress code : pendant ces quelques semaines de confinement et de télétravail, chacun a opté pour la formule vestimentaire de son choix. Soit la formule décontractée pour se libérer des carcans du costume, soit la formule habillée pour rester dans une routine matinale de travail. « Dis-moi comment tu t’habilles, je te dirai qui tu es. » C’est peut-être un détail dans l’immensité des choses à régler en cas de crise, mais ce point peut vouloir dire beaucoup. Le jour du retour, vous pouvez inviter chacun à venir comme il est–¦ à savoir, venir comme il est venu travailler ces dernières semaines (les pyjamas, les maillots de bains et autres tenues légères étant bien entendu interdites). C’est peut-être le début d’une nouvelle manière de faire et d’être.
- Le cadeau quétaine : Quétaine vient du québécois et signifie littéralement « de mauvais goût ». La proposition est ici de ramener un cadeau partagé, comme cela se pratique souvent à noà«l, mais un cadeau quétaine. La période de confinement a été pour beaucoup l’occasion de ranger, de trier, de faire de vide, de nettoyer les fonds de placards–¦ Dans ce grand vide grenier personnel, il y a certainement un objet « quétaine » que chacun pourrait ramener au bureau le jour de la reprise. Comme à noà«l ils sont distribués aléatoirement. Mais dans ce contexte, ces cadeaux quétaines vont faire rire, vont faire parler, et vont recréer ce lien physique qu’il faut renouer.
- Le must du confiné : pour ceux qui ont des enfants, cette période de confinement a mis à l’épreuve de votre créativité la pâte à sel, la peinture, la pâte à modeler, etc. Pour d’autres c’est l’inventivité sportive qui les a sauvés de la « déprime kilogrammique », pour d’autres encore, les vieilles aiguilles à tricoter de mamie ont redonné du service–¦ En ce premier jour de reprise, chacun est invité à venir avec un objet représentatif de ce qu’a été pour lui le confinement. Une première manière de mettre des mots sur ces maux qui n’ont toujours ou pas encore pu être exprimés.
Pour ces expériences, et toutes celles que vous pourrez inventer vous aussi, je vous recommande de commencer par un accueil collectif, pendant lequel chacun va pouvoir se reconnecter physiquement aux autres. Ce temps d’inclusion va faire passerelle entre avant et maintenant. Pour ceux qui ne peuvent pas réunir tout le monde en même temps, parce que les équipes sont plus grandes ou plus éloignées, je vous invite à créer des espaces collectifs restreints mais permettre ce temps d’inclusion pour tous.
Retour d’expérience
Vous avez tous l’expérience des REX. Le retour d’expérience exprime l’enrichissement des connaissances pour un individu ou un groupe dans une organisation apprenante. C’est une des étapes de base de la méthode expérimentale, qui s’appuie sur des expériences. Réalisés dans le cadre de vos projets, ils servent à apprendre des erreurs et à capitaliser sur les bonnes pratiques. Au retour d’une situation de crise comme celle que nous vivons, ces retours d’expérience vont permettre à chacun individuellement de partager ce qu’il a appris de cette situation, et en quoi ce qu’il a appris va avoir un impact sur le collectif, sur l’organisation.
Comment organiser un retour d’expérience ?
Un REX s’appuie sur les expériences vécues par les collaborateurs. Une expérience vécue se raconte. Il est donc préconisé d’organiser un atelier présentiel. La configuration peut être modulable en fonction de la taille de l’entreprise et des équipes.
- Rappeler le contexte et l’objectif de l’atelier : le contexte est connu de tous, mais vous pouvez décider de faire un REX sur un point en particulier, l’objectif étant d’en tirer des enseignements pour la suite. Donc en fonction de vos questionnements d’entreprise, vous pouvez choisir de travailler sur le sujet du télétravail, le sujet du PCA, le sujet des règles d’hygiène et de sécurité, le sujet des accords RH, etc.
- Collecte et analyse des données : pour collecter les données, il est important que chacun puisse s’exprimer. Une première phase de réflexion, collecte individuelle est indispensable. La mise en commun de cette production peut ensuite s’organiser en 3 thématiques : ce qui a bien fonctionné, ce qui aurait pu être fait différemment et comment, ce qui n’a absolument pas fonctionné.
- Rechercher les pistes d’amélioration et les recommandations : si nous devions inscrire le télétravail dans notre fonctionnement, que faudrait-il faire ? Si nous devions subir une nouvelle crise sanitaire (ou autre) comment pourrions-nous renforcer notre PCA ? Si nous devions subir une nouvelle crise sanitaire, comment pourrions-nous optimiser notre sécurité à tous ? Comment absorber les impacts de cette période de confinement et revisiter nos accords et process RH ? etc.
Les techniques de facilitation de l’intelligence collective peuvent vous aider à faire émerger les constats et les pistes de progrès et à faire de votre REX un véritable moment de partage et de co-construction d’un nouveau lendemain avec vos équipes.
Réadapter les priorités, le projet, la raison d’être de l’entreprise
Le carnet de commande, les objectifs commerciaux, la trésorerie, les plans de financements, les plans de formation, les projets de croissance externe, les projets R&D, etc. l’ensemble du plan de charge de l’entreprise est perturbé. Même la vision et l’ambition globale de l’entreprise s’en trouvent impactées. Seule peut-être la raison d’être de l’entreprise est immuable voire renforcée.
Mettre l’ensemble des collaborateurs autour d’une table pour réfléchir à ces différents sujets et à redéfinir ensemble les nouvelles priorités de l’entreprise est le moyen de créer collectivement les conditions de la confiance dans l’avenir. Encore une fois, les techniques de facilitation de l’intelligence collective vont vous aider à organiser ces travaux. Je vous invite à les organiser sur les prochains moins, peut-être jusqu’à la fin de l’année 2020, par thématique. La visée étant de s’organiser collectivement pour atterrir en 2021 sur des nouvelles bases solides, chacun ayant eu un rôle majeur à jouer dans la reconstruction de l’entreprise à court, moyen et longs termes.
Recréer nos fonctionnements, modes de travail, nos valeurs
Pendant de longues semaines, une autre forme de collaboration s’est installée dans les équipes. L’entraide, même à distance, a fait les preuves de son efficacité. Chacun est allé à l’essentiel. Les réunions sont devenues efficaces. Des simplifications et des optimisations ont été créées à tous les étages pour faciliter le travail de chacun. L’entreprise est devenue agile et transparente. Ce qui ne paraissait pas possible il y a encore quelques semaines est devenu, de fait, une réalité et une réalité qui fonctionne.
- En quoi ce qui vient d’être vécu a un impact sur nos valeurs ?
- Quels sont les pratiques et usages initiés à l’occasion de cette période d’activité en confinement méritent d’être conservées ?
- Quels rituels avons-nous instaurés lors du confinement souhaitons-nous faire perdurer ?
- Quelles nouvelles règles du jeu souhaitons-nous mettre en place entre nous au lendemain de cette crise ?
- Qu’est-ce qui, de notre ancien fonctionnement en interne, n’est plus acceptable ?
- Qu’est-ce qui, de notre ancien fonctionnement en interne, n’a pas fait la preuve de son utilité pendant cette période de travail en confinement ?
Tous les autres sujets sur vos modes de travail que cette période de crise à fait émerger doivent être questionnés. Ici aussi, les techniques de facilitation de l’intelligence collective vont vous aider à organiser cette réflexion.
Entretenir la culture du care
Le care est l’art de prendre soin de l’autre. Alors bien sûr il y a nos soignants que nous remercions chaque jour pour ce care qui coule dans leurs veines et qu’ils incarnent coûte que coûte. Et puis il y a toutes ces initiatives prises par de nombreuses entreprises pour venir en aide à l’autre. Celles qui ont produit du gel, celles qui ont cousu des masques, celles qui ont offert des fleurs, celles qui ont livré ce qu’elles n’avaient pas pour habitude de livrer, celles qui ont cuisiné et nourri, celles qui ont chanté, celles qui ont accueilli, etc. Peut-être que votre entreprise fait partie de l’une d’entre elles.
Ou peut-être pas, mais ce n’est pas grave.
Ce n’est pas grave parce que cette culture du care est contagieuse. Et si vous n’avez pas eu l’opportunité de la mettre en pratique ces derniers jours, vous pourrez probablement le faire dans les prochains.
Cette culture du care, c’est votre ADN sociétale, c’est votre engagement humaniste, c’est tout ce qui fait que votre entreprise peut être utile au-delà de ce qu’elle produit et de ce qu’elle vend.
Réfléchissez-y, faites-la couler dans vos veines et incarnez-la coûte que coûte.
C’est toute notre humanité qui en sortira embellie.
Un grand merci à chacun de vous pour ce que vous avez fait, ce que vous faites et ce que vous ferez demain.
Le codéveloppement comme activateur de solutions créatives.
Le codéveloppement est une approche de formation qui permet de se professionnaliser par l’apport d’expertise et d’expérience d’un groupe de pairs. C’est une des rares approches à travailler directement sur les difficultés vécues par les professionnels dans leurs pratiques. Le codéveloppement suit un processus en 6 étapes. Grâce à ce processus, et à travers la variété des contributions des membres du groupe, chacun peut plus facilement multiplier les perspectives pour penser et agir sur sa réalité.
Pour aider les entreprises (dirigeants, managers, communicants, RH, etc.) qui voudraient apprendre collectivement de cette crise et préparer ensemble la sortie de crise, My Beautiful Value adapte sa formule et propose un groupe de codéveloppement à distance comme moteur pour générer des solutions créatives et créer de la connexion interentreprises.
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