13 décembre 2023

Les jeunes, le travail et l’entreprise

Trois ans après la crise sanitaire et ses impacts sur l’organisation du travail, à quoi ressemble l’entreprise « idéale »  ? Qu’attendent les jeunes de leur hiérarchie ? Comment se projettent-ils dans leur avenir professionnel ? Quels enseignements en matière d’engagement ?

La Macif et la Fondation Jean-Jaurès publient aujourd’hui avec BVA, les résultats de la troisième édition du baromètre sur « les jeunes et l’entreprise ». 

Cette enquête d’opinion, menée entre octobre et novembre 2023 auprès de 1 000 Français âgés de 18 à 24 ans, permet d’observer le rapport au travail de cette génération, et notamment dans l’entreprise. 

>> Le souhait d’une entreprise impliquée dans les sujets politiques et sociétaux

Pour les jeunes interrogés, l’un des rôles principaux de l’entreprise est d’être utile à la société. En effet, ils étaient 37% en 2021 à considérer cela comme une priorité, ils sont désormais 41%, passant devant le rôle d’épanouissement professionnel. L’engagement de l’entreprise pour la préservation de l’environnement demeure une priorité pour la jeune génération depuis trois ans (32%). La lutte contre les inégalités entre les femmes et les hommes est également un sujet sociétal et politique dont les jeunes souhaitent que les entreprises s’emparent : 27% des jeunes (dont 34% de femmes) y sont favorables (contre 23% en 2021).

Si le souhait d’une entreprise plus politique est davantage exprimé, près de 50% des jeunes rêveraient de rejoindre une “entreprise française” ou locale plutôt qu’une entreprise étrangère.

>> Le salaire demeure un critère essentiel 

Pour la moitié des jeunes, l’idée de ne pas gagner suffisamment d’argent les angoisse lorsqu’ils pensent au travail (+ 4 points en un an), loin devant l’idée de s’ennuyer au travail (36 %) ou l’idée de ne pas être intéressés par leur travail (34 %). Pour 43% d’entre eux avoir un poste bien payé est leur principale attente vis-à-vis de leur emploi. En effet, 64% de la jeune génération pense souvent à l’argent qu’elle souhaite mettre de côté pour constituer une épargne que ce soit pour devenir propriétaire de leur logement (60%) ou construire une maison (35%).

Si l’idée de bien gagner sa vie est une priorité pour près d’un quart des jeunes (22%), c’est bien avoir une vie de famille épanouie qui est le symbole d’une vie réussie (32%). 
 

 >> Liberté et stabilité, des idéaux jeunes

L’une des principales attentes des jeunes quant à leur travail est d’avoir un emploi qui leur permet d’avoir du temps libre pour leur vie personnelle (+ 5 points par rapport à 2021/2022). La « pause professionnelle » est également très recherchée chez les 18-24 ans : 65% d’entre eux souhaiteraient avoir la possibilité de libérer du temps pour s’engager ou faire autre chose tout en étant rémunéré. 

Les jeunes recherchent la stabilité dans le monde du travail. En effet, 29% des jeunes se voient rester dans la même entreprise autant que possible (contre 20% qui se voient changer d’entreprises à plusieurs reprises) et un tiers envisage d’exercer le même métier toute leur vie. Néanmoins, stabilité rime avec mobilité pour les jeunes générations. Si 33% souhaitent exercer le même métier, ils sont 43% à vouloir changer de métier au cours de leur carrière et 63% à vouloir avoir accès à des formations tout au long de leur vie.

Ces résultats traduisent une volonté de mêler stabilité et mobilité, un enjeu capital pour les entreprises souhaitant recruter et fidéliser les jeunes talents. 


>> La fin des effets de la crise sanitaire

Près de la moitié des jeunes travaillant dans le cadre de leurs études ou étant déjà dans la vie active sont plus motivés qu’avant la crise sanitaire (49%, soit + 7 points par rapport à 2022). Cela se ressent sur leur moral : 69 % indiquent que leur moral est bon (+ 3 points par rapport à 2022), et 72 % se disent optimistes quand ils pensent à leur avenir (+ 10 points par rapport à l’an dernier). Les effets de la crise sanitaire s’estompent que ce soit moralement ou professionnellement pour cette génération touchée de plein fouet à l’entrée de leur vie d’adulte par une succession de confinements et couvre-feux.

Le télétravail est l’habitude liée à la crise sanitaire qui persiste et qui est vue de manière très positive. En effet, 52 % des 18-24 ans souhaiteraient avoir la possibilité de travailler depuis chez eux quelques fois, contre 42 % en 2021 et 44 % en 2022. A contrario, très peu de jeunes plébiscitent les modèles comme les tiers lieux de travail (19 %), les espaces de coworking (18 %) ou encore le flex office (16 %). Le « 100% télétravail » est plébiscité par uniquement 12% de cette génération, c’est donc bien un modèle hybride mêlant présentiel et télétravail qui satisfait le plus les jeunes interrogés.
 

>> Le CV, le nerf de la guerre

La question du CV et de l’expérience sont des facteurs clés dans le parcours professionnel des jeunes. Pour plus de la moitié des jeunes (54%), le premier emploi sert à gagner de l’expérience avant même de subvenir à leurs besoins (41%). Le manque d’expérience est le premier obstacle que 48% des jeunes citent lorsqu’ils veulent obtenir un emploi (14% des jeunes citent les discriminations).

Les stages en entreprise sont vus de manière très positive : 74 % des jeunes indiquent que les stages ont été utiles dans leur vie et dans leur parcours, 67 % estiment que les stages ont été utiles dans leur compréhension du monde de l’entreprise et 67 % affirment que les stages leur ont permis de préciser leurs attentes par rapport à l’entreprise.

Dans un moment où l’on s’interroge beaucoup sur la place des séniors dans l’entreprise, il y a là sans doute quelque chose d’intéressant à développer. En effet, si les stages sont perçus aussi positivement par les jeunes et s’ils les aident à développer une grille de lecture sur le monde et sur l’entreprise, les salariés les plus expérimentés et plutôt en fin de carrière doivent ici jouer un rôle majeur, étant les plus à même de transmettre et d’offrir leur expérience à la jeune génération en passe de rentrer sur le marché du travail.

Quelles pistes pour les entreprises pour attirer et fidéliser les jeunes professionnels?

Assurer un niveau de salaire conséquent à un collaborateur, même de première ligne, même en première expérience, sera toujours moins onéreux que le coût de son désengagement ou de son renouvellement.

S’engager pour la société est une attente devenue universelle. Que l’engagement soit environnemental ou social, il doit être en cohérence avec l’activité de l’entreprise et authentique dans ses valeurs. L’entreprise qui voudra soutenir plus encore les engagements sociétaux de ses collaborateurs saura trouver les formules d’accompagnement associatif ou de mécénat de compétences pour en faire des projets communs.

L’organisation du travail, même dans les environnements les plus contraints, doit réussir à combiner 3 enjeux: les enjeux de l’entreprise (économiques, d’activité, de service clients, etc.), l’abaissement de la charge mentale des collaborateurs (mettre en place une organisation qui permet à chacun d’être tranquillisé sur la gestion de ses urgences et aléas personnels), l’équilibre entre l’engagement au travail et l’engagement personnel (projets, loisirs, etc.). Cet équilibre n’est pas linéaire (ex: 2 jours de télétravail, 3 jours présentiels), il est modulable. L’un doit venir nourrir l’autre et vice et versa.

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