7 juillet 2020

La renaissance de la communication managériale

La communication interne et la communication managériale sont deux cousines germaines.

Dans certaines entreprises, des histoires de familles les ont séparées et elles vivent leur vie chacune dans une direction différente. Dans d’autres entreprises, elles ont continué à  grandir ensemble pour le grand plaisir du chef de la com’ qui a ainsi toute légitimité pour faire de sa fonction le facteur 360 du bon fonctionnement de l’organisation.

Oui mais.

Oui mais les managers sont là . 

Tapis dans leurs bureaux, le nez dans le métier, ils sont ceux qui ne jouent pas le jeu.

« Les managers ne démultiplient jamais l’information, pourtant nous leur avons distribué un kit de com’ ! » s’écrient les experts –¦. Je suis heureuse de vous annoncer chez amis que le cascading ne fonctionne pas (plus ?) –¦

« Je ne sais pas comment faire pour impliquer les managers dans mes projets de communication interne–¦ » Saviez-vous que seulement 46% des managers ont des objectifs liés à  leurs pratiques en matière de communication et 51% de managers sont évalués sur leur rôle de communicant ? (sources : étude Afci communication managériale 2013 – mais ça n’a pas changé depuis).

« De toute façon la communication n’est même pas représentée au comex/codir–¦ et quand c’est le cas, on passe toujours à  la fin, on a 2′ pour porter nos sujets, autant dire qu’on les jette en pâture » euhh –¦ oui c’est souvent le cas, mais c’est parce qu’ils ne savent toutes les richesses que vous pouvez leur apporter, ils ne connaissent pas vos talents !

« On ne m’attends pas là -dessus, moi quand on vient me voir c’est pour me demander un logo, ou un ppt ou une newsletter quand ce n’est pas simplement pour apporter le café au prochain séminaire ! » Aà¯e, là  il y a un peu de boulot–¦

Et du coup, les communicants interne en arrivent à  se dire que finalement la communication managériale ça ne sert à  rien, ça ne marche pas, autant faire le job soi-même directement auprès des collaborateurs.

Mais voilà , le covid est passé par là  et tout a changé.

D’abord un petit retour en arrière. Flash-back rapide sur la transformation du rôle du manager.

Il y a quelques années de cela, le management consistait avant tout à  organiser le travail, à  distribuer les tâches. Puis, quelques années plus tard, que nous pourrions sans problème rattacher à  l’arrivée d’internet, le salarié est devenu un peu plus sachant et le manager s’est retrouvé à  devoir impliquer les collaborateurs pour qu’ils exécutent ce même travail et ces mêmes tâches. Hier (avant covid), le « co » avait « co »lonisé les entreprises et les collaborateurs attendaient de ces dernières qu’elles les impliquent dans les grandes orientations, dans les projets transverses, qu’elles leur donnent du sens, etc. (certains ont appelé ça le bonheur au travail).

Il fut un temps o๠les entreprises transformaient la société civile. Il est un temps o๠c’est la société civile qui transforme les entreprises. Cette ébullition « par le bas » est intéressante. Elle est créatrice d’innovation et de valeurs.

Mais le manager lui, n’y était pas préparé.  On ne lui a pas dit que ça allait se passer comme ça. Avant il savait, il avait l’expertise, il était le sachant, il était reconnu pour ça. C’était lui qui avait l’information, lui qui était sur le devant de la scène, lui qui apprenait aux autres.

Maintenant ce sont ses collaborateurs qui lui donnent l’information qu’il n’a pas eu le temps de voir (ou pas su trouver pour certains) sur les néo-outils de communication interne. Il court de réunion en réunion sans savoir quoi en faire. Il est compressé entre les injonctions du haut (tu es garant des résultats de l’entreprise) et les injonctions du bas (tu es garant de mon bien-être au travail).

Alors on l’envoie en formation. C’est bien ça la formation–¦

Oui mais non, pas toujours.

Parce que, être un manager c’est avant tout une posture. Et les formations elles n’ont pas toujours toutes les bonnes postures.

Et faire de la communication managériale c’est accompagner le manager dans ses 4 postures.

  • Manager expert
  • Manager coach
  • Manager leader
  • Manager communicant

Mais (heureusement pourrait-on dire), la crise covid est passée par là  et tout reprend son sens

Le manager a été le relais de l’information nécessaire à  la bonne continuité des activités. Le manager a été la courroie de transmission des modalités pratiques concernant les informations RH (fonctionnement du télétravail, organisation du temps partiel, arrêts de travail, les congés). Avec des équipes éclatées, le manager a été le référent concernant le core business, il a su maintenir la dynamique d’équipe, il a rappelé le sens du métier de chacun alors que tous nageaient en eaux troubles. Indéfectiblement le manager était présent au rendez-vous. [NDLR : oui oui oui nous savons que certains ont failli. Mais concentrons nos efforts sur ceux qui se sont révélés et qui seront nos sponsors pour demain]

La communication interne n’a pas pu faire sans le manager. Bien que la com’interne ait massivement communiqué, il y a des angles morts qu’elle n’a pas pu atteindre (des collaborateurs non équipés d’outils digitaux ad-hoc, des collaborateurs sans accès aux outils de communication hors réseaux internes, etc.). Leur véritable relais a alors été le manager.

De cette expérience du rôle retrouvé, il y des bonnes pratiques à  partager et sur lesquelles capitaliser. Le manager qui a appris sur sa posture peut maintenant transmettre à  d’autres. La communication interne qui a expérimenté cette complémentarité peut co-construire avec le management une autre forme d’accompagnement à  la communication managériale.

Que les uns et les autres réussissent à  se mettre autour de la table pour co-construire la communication managériale de demain et ce sont les collaborateurs qui vont se sentir informés, soutenus, accompagnés dans une nouvelle cacophonie coordonnée et unitaire.

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