
Il y a quelques mois, nous avons fait connaissance au hasard de ces soirées business que nous avons tous eu l’occasion de fréquenter. Jean démarre son activité de restauration à domicile. Il est tout à la fois excité par cette nouvelle aventure et fébrile à l’idée de vouloir construire une organisation « pas comme les autres ».
Quand je lui demande ce qu’est une organisation « pas comme les autres », il me dit « pas comme tout ce que j’ai pu vivre moi-même quand j’étais salarié ». Aïe, encore un !! C’est fou le nombre d’entrepreneurs qui changent de vie pour faire l’inverse de ce qu’ils ont vécu. Comme de jeunes parents rebelles qui s’opposeraient à leur propre éducation… Mais je comprends. Moi aussi je suis de ceux-là…
A quoi tient sa fébrilité ? Au fait de ne pas trop savoir comment faire finalement parce que Jean navigue entre le modèle vécu et le modèle souhaité. Et le plus concret pour lui reste encore le vécu finalement. Jean flaire le piège… celui de reprendre un ancien modèle et d’y mettre un bel enrobage. Jean n’a pas les moyens de se faire accompagner, mais me demande conseil. Que dire ? Une seule chose peut-être… écoute ton cœur, écoute tes tripes, et tu n’auras pas le gout amer d’un glaçage trop sucré, tu savoureras la douce saveur de l’authenticité. Et cerise sur le gâteau, ceux qui viendront le partager avec toi auront la même envie que toi.
Quelques mois plus tard Jean m’appelle. Il a réussi son pari. Aujourd’hui ce sont plus de 100 personnes qui travaillent à ses côtés et qui goûtent au même gâteau. Jean est heureux. Heureux que son business ait une utilité. Heureux que cette utilité donne du sens au quotidien de ses collègues. Heureux que ses collègues donnent le meilleur d’eux-mêmes pour faire du travail de qualité.
Mais ce que l’on faisait facilement à 5, 10, 20… devient plus compliqué à 100. Et Jean ne voudrait pas que ses expériences passées reprennent le dessus et viennent polluer sa belle histoire. « Comment, avec l’état d’esprit qui est le nôtre, réussir à bien communiquer à 100 ? Comment bien nous organiser à 100 ? Comment permettre à chacun de rester unique dans un collectif élargi ?»
Alors maintenant, avec Jean, nous nous voyons souvent…