9 juin 2015

Ernest Shackleton, un leader qui donne le cap

Management et leadership

Explorateur et capitaine au long court, Ernest Shackleton a su maintenir le moral de son équipage, prisonnier des glaces du pôle Sud en 1914. Il a surtout réussi à  ramener tout le monde vivant en Angleterre au terme d’un incroyable odyssée. Les enseignements d’un meneur que des hommes appelaient “Boss”

Figure incontournable des nombreuses expéditions polaires du début du XXè siècle, Ernest Shackleton est surtout connu pour être un explorateur hors pair. Mais celui que ses marins appelaient “Boss” fut aussi un meneur d’hommes exemplaire. Il en fit la preuve de manière éclatante lors de l’expédition de l’Endurance, au cours de laquelle son navire et son équipage restèrent prisonniers des glaces pendants près de 2 ans.

A force de sang froid et de courage, il a su maintenir le moral de tous et trouver des solutions pour éviter les pertes humaines. Toujours proche de ses troupes, capable de les entraîner dans des conditions extrêmes, il a tenu bon face à  l’incertitude et au défaitisme. S’il n’a pas réussi à  traverser le continent jusqu’à  la mer de Ross, comme il l’avait prévu, Shackleton a, en revanche, accompli un exploit riche d’enseignements pour tous les leaders en herbe: emmener un trentaine d’hommes au bout d’une aventure périlleuse et incertaine.

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Après plusieurs explorations et exploits, Ernest Shackelton voit grand et projette la traversée de l’Antarctique via le pôle. Grâce à  sa renommée, les candidats affluent: plus de 5000! Il compose son équipage en employant des méthodes de recrutement très personnelles. Il embauche, par exemple, un assistant médecin sur un simple trait d’esprit, après une minute de conversation! L’homme fait confiance à  son intuition et à  son empathie pour saisir les personnalités.

L‘Endurance met les voiles en août 1914. Sous les ordres de Shackleton, 27 hommes. Mais au bout de quelques semaines, le navire se trouve bloqué dans les glaces en Georgie du Sud, à  l’entrée du l’océan Austral. Malgré cette déconvenue, le moral reste bon. “Nous avons tous l’air d’une famille merveilleusement joyeuse, mais Sir Ernest est le véritable secret de notre entente”. (–¦) Le navire arrive finalement à  repartir, avant d’être à  nouveau emprisonné des glaces, au milieu de la banquise. Commence alors une période incertaine.

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Malgré la situation critique, Shackleton reste confiant “L’optimisme c’est le courage moral à  l’état pur“, écrit-il dans ses carnets. Il maintient l’esprit de cohésion parmi ses hommes en adoptant une attitude pleine d’entrain et veille à  planifier les tâches courantes avec une régularité d’horloger. Des jeux sont organisés, les recherches et les explorations se poursuivent. Après 6 mois d’immobilisation, Shackleton se rend à  l’évidence: le bateau ne repartira pas. L’Endurance est broyé par la pression des glaces. Le capitaine et ses hommes n’ont d’autres choix que de se mettre en mouvement sur la banquise dérivante.

Un nouveau campement est établi après une marche harassante (–¦) les hommes sont épuisés. Pour entretenir la motivation et entraîner les autres, Shackleton les précède systématiquement dans l’effort. Il se repose peu et, surtout, maintient la force du rituel, de l’habitude, de l’estime de soi à  travers des repas collectifs et des célébrations. 6 mois plus tard, en avril, la banquise se brise. Après avoir abattu les chiens, l’équipage se jette à  la mer sur trois canots de sauvetage pour chercher des secours. Sur une mer déchaînée, les icebergs menacent constamment les rafiots. Dormir est un supplice: le froid, l’humidité, le manque de place interdisent tout repos. Dans cette épreuve, la solidité de l’équipe fait la différence. Shackleton veille à  ce que chacun tienne son rôle.

Après 5 jours et 5 nuits de traversée, les canots touchent enfin terre, sur l’île de l’Eléphant. L’inquiétude du chef pour la santé de ses hommes, épuisés et affamés, est à  son comble. Il décide de reprendre la mer avec 5 équipiers pour rejoindre un port baleinier, à  1200 km, au-delà  des cinquantièmes hurlants. L’expédition paraît suicidaire et le capitaine n’est pas certain de retrouver en vie les marins restés sur l’île. Les 6 hommes mettront 14 jours pour atteindre l’objectif. (–¦) Shackleton reviendra chercher le reste de l’équipage sur l’île de l’Eléphant 3 mois plus tard. Même s’il n’a pas atteint son but initial, le “Boss” pourra se targuer d’avoir sauvé tous ses hommes.

Ernest Shackleton racontera cet exploit dans “L’Odyssée de l’Endurance” – Editions Phébus

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